L’amortissement dégressif est un outil de gestion comptable qui permet une dépréciation accélérée des actifs au début de leur durée de vie. Il est facultatif et fait partie des deux modes d’amortissement de biens proposés aux entreprises, au côté de l’amortissement linéaire. Dans cet article, nous vous disons tout ce qu’il faut savoir sur l’amortissement dégressif. A quoi sert-il ? Comment calculer l'annuité d'amortissement dégressif ? Comment faire un tableau d'amortissement dégressif ? Nous répondons à vos questions.
Définition de l'amortissement dégressif
L'amortissement dégressif est une méthode d'amortissement comptable utilisée pour répartir le coût d'un actif immobilisé sur sa durée de vie utile. Selon l’annexe II du Code général des impôts sur les bénéfices industriels et commerciaux (Articles 3 à 38 bis), l’acquisition d’un bien peut être amortie sur plusieurs années s’il s’agit d’un investissement et non pas une charge.
En comptabilité, l'amortissement permet de prendre en compte l’usure d’un bien en effectuant une baisse du prix de valorisation lors de ses années d’utilisation. Selon la nature du bien concerné, la durée de l’amortissement peut varier.
Il existe deux modes de calcul d’amortissement d’un bien acquis par une entreprise, à savoir l’amortissement dégressif ou l’amortissement linéaire.
Pour amortir un bien, l’entreprise peut choisir l’amortissement dégressif. Il consiste à appliquer des annuités plus élevées lors des 3 premières années pour accélérer le processus d’amortissement. La différence entre la valeur d’achat du bien et les amortissements pratiqués correspond à la valeur du bien à la fin de l’exercice comptable.
Contrairement au calcul d’amortissement dégressif, le bien est amortie de manière constante et au même taux annuel sur toute la durée de son utilisation pour le calcul de l’amortissement linéaire.
Quels sont les biens pouvant faire l’objet d’un amortissement dégressif ?
L'amortissement des biens avec le barème dégressif peut être utilisé par toute entreprise étant soumise à l'impôt sur les sociétés (IS) ou à l'impôt sur le revenu (IR) au titre des bénéfices industriels et commerciaux (BIC).
L’amortissement dégressif ne concerne que certains types d’investissement. Il est réservé aux biens d’équipements neufs qui disposent d’une durée d’utilisation normale de plus de 3 ans. Il ne s’applique qu’aux biens matériels et diffère de l’amortissement linéaire qui peut être appliqué pour tous les biens, quelle que soit la durée normale d’utilisation.
Dans certaines situations, un barème progressif peut être appliqué à des biens d’occasion C’est le cas de matériels rénovés par le fabricant ou des biens acquis lors d’une fusion.
Les biens éligibles à l’amortissement dégressif sont les suivants :
- Matériel et outillage utilisé pour les opérations industrielles de fabrication, transformation et transport ;
- Matériel de manutention ;
- Installation de magasinage et de stockage (hors locaux dédiés à l'exercice de la la profession) ;
- Machine de bureau (sauf machines à écrire) ;
- Matériel et outillage dédié aux opérations de recherche technique ou scientifique ;
- Installation productrice d’énergie, de chaleur ou de vapeur ;
- Installation à caractère médico-social ;
- Installation de sécurité ;
- Installation destinée à l'épuration des eaux et à l'assainissement de l'atmosphère ;
- Immeuble ou matériel d’entreprises hôtelières.
Certains biens sont en principe exclus de l’amortissement dégressif. C’est le cas du matériel informatique comme les ordinateurs, les véhicules de tourisme, les camionnettes, etc.
Comment calculer un amortissement dégressif ?
Le calcul de l'amortissement dégressif se fait en plusieurs étapes.
Etape 1 : calcul de la base amortissable
Le prix d’acquisition du bien est pris en compte comme base de calcul de l’amortissement dégressif. Il s’agit de la base amortissable. Sa composition est la suivante :
- Prix d’achat HT ;
- Frais de livraison HT ;
- Frais de mise en service HT.
Etape 2 : calcul du taux d’amortissement
Pour calculer le taux d’amortissement dégressif, il vous faudra calculer le taux linéaire en y appliquant un coefficient. Le coefficient dégressif dépend de la durée d’amortissement du bien.
Le calcul est effectué à partir des formules suivante :
- Taux linéaire = 100 / nombre d’années d’utilisation prévue
- Taux dégressif = taux linéaire X coefficient d'amortissement dégressif
Le coefficient à appliquer pour le calcul de l’amortissement dégressif dépend de la durée d’utilisation. A savoir :
- 1,25 pour 3 à 4 ans ;
- 1,75 pour 5 à 6 ans ;
- 2,25 pour une durée supérieure à 6 ans.
Etape 3 : calcul de l’amortissement dégressif
En prenant l’exemple d’un bien amorti sur 5 ans, les calculs seront les suivants :
- Taux d’amortissement linéaire : 100 / 5 = 20 %
- Taux d'amortissement dégressif : 20 X 1,75 = 35 %
L’entreprise peut donc déduire chaque année 35 % du prix de la valeur résiduelle. Concernant la première année, l’amortissement progressif devra être calculé au prorata temporis car l’acquisition du bien n’est pas forcément effectuée en janvier. L’année n’est donc pas prise en compte entièrement.
Pour la première année, la formule est :
Amortissement dégressif sur la première année = taux linéaire X coefficient d'amortissement dégressif X (nombre de mois / 12)
Etape 4 : choisir la méthode de calcul la plus adaptée
Il est important de noter qu’il peut être avantageux de passer de l’amortissement dégressif à l’amortissement linéaire en fin de vie du bien.
Par exemple, un bien de 5 000 € acheté en janvier et amortissable sur 5 ans dispose d’un taux linéaire de 20 % (100 / 5) et d’un taux dégressif de 35 % ( 1,75 x 20 %).
L’amortissement dégressif est calculé comme suit :
- Année 1 : 5000 € x 35 % = amortissement de 1750 € et valeur résiduelle de 3250 € (5000 - 1750) ;
- Année 2 : 3250 € x 35 % = amortissement de 1137,5 € et valeur résiduelle de 2112,5 € (3250 - 1137,5) ;
- Année 3 : 2112,5 € x 35 % = amortissement de 739,37 € et valeur résiduelle de 1373,12 € (2112,5 - 739,37).
La quatrième année, la valeur résiduelle serait de 1373,12 € et l’amortissement de 480,59 € (1373,12 x 35 %). Puisqu’il ne reste plus que 2 années d’utilisation, le taux linéaire est alors de 50 % (100 / 2), ce qui représente 686,56 € d’amortissement par année restante. Il devient plus intéressant que le taux dégressif et sera alors utilisé pour lisser la valeur résiduelle de l’actif sur les années restantes.
- Année 4 : 1373,12 € - 686,56 € = 686,56 € ;
- Année 5 : 686,56 € - 686,56 € = 0 €.
L’amortissement sera donc intégral à la fin de la cinquième année.
Comment faire un tableau d'amortissement dégressif ?
Afin de matérialiser l’amortissement dégressif, il est possible de réaliser un tableau d’amortissement.
Ci-dessous, vous trouverez un exemple pratique de tableau d’amortissement dégressif pour un bien de 5 000 €, amortissable sur 5 ans et acheté en janvier :
Année d’amortissement | Taux d’amortissement dégressif | Montant de l’amortissement | Valeur résiduelle (Base amortissable - amortissement réalisés) |
Année 1 | 35 % | 1750 € | 3250 € |
Année 2 | 35 % | 1137,5 € | 2112,5 € |
Année 3 | 35 % | 739,37 € | 1373,12 € |
Année 4 | 35 % | 480,59 € | 892,53 € |
Année 5 | 35 % | 312,38 € | 580,14 € |
Les montants de l’amortissement et les valeurs résiduelles ont été arrondies au centième.
Amortissement dégressif : comptabilisation et aspects fiscaux
L’amortissement dégressif est différent selon qu’il s’agisse d’un amortissement fiscal ou d’un amortissement comptable. Les divergences résident principalement dans les règles applicables.
Pour comptabiliser l'amortissement dégressif dans les livres comptables, vous devez enregistrer l'amortissement annuel comme une charge dans le compte de résultat de l'entreprise.
Les règles comptables diffèrent des règles fiscales à plusieurs niveaux en ce qui concerne l’amortissement dégressif :
- Durée de l’amortissement : en fiscalité, la durée d’usage est prise en compte, alors qu’en comptabilité, c’est la durée d’utilisation réelle qui est prise en compte. La durée d’usage est souvent plus courte que la durée d’utilisation réelle ;
- Valeur résiduelle : la valeur de revente d’un bien, ou valeur résiduelle, fait l’objet d’une déduction sur la base amortissable en comptabilité. Cela n’est pas possible en fiscalité.
En cas de différences entre les règles fiscales et comptables, l'entreprise doit parfois effectuer un amortissement dérogatoire. Il est utilisé lorsque l'amortissement dégressif ne reflète pas le rythme réel de consommation des avantages économiques de l'immobilisation.
Amortissement dégressif : avantages et inconvénients
L’amortissement dégressif représente un avantage concernant les résultats fiscaux et la trésorerie de l’entreprise puisqu'il permet d'amortir plus vite la valeur du bien et donc de faire baisser son imposition. Il conserve un taux fixe quelle que soit la valorisation de l'immobilisation, ce qui permet à l’entreprise de bénéficier d’annuités plus importantes au départ.
Toutefois, il est important de noter que l’amortissement dégressif n’est pas disponible pour tous les types de mobilisation. En effet, il n’est valable que pour les immobilisations dont la durée d'utilisation prévue est égale ou supérieure à 3 ans.
Cas spécifiques et exceptions
Selon le type d’investissement, l’entreprise peut bénéficier d’un taux d'amortissement dégressif majoré de 0,25 par tranche de durée d’utilisation. C’est le cas des matériels de recherche technique et scientifique. Si elles le souhaitent, les entreprises peuvent refuser la majoration pour appliquer le taux classique.
Les coefficients majorés sont les suivants :
- 1,50 pour 3 à 4 ans ;
- 2 pour 5 à 6 ans ;
- 2,5 pour plus de 6 ans.
La méthode d’amortissement peut également évoluer au cours de la vie de l’actif afin d’être la plus avantageuse possible pour l’entreprise. Il est d’usage pour les entreprises d’opter pour un amortissement linéaire lorsque l'amortissement lui devient inférieur.
Conclusion
L’amortissement dégressif est l’un des deux modes d’amortissement de biens proposés aux entreprises avec l’amortissement linéaire. Ces outils de gestion comptable permettent d’amortir un bien sur plusieurs années s’il s’agit d’un investissement.
L’amortissement dégressif permet de bénéficier d’une dépréciation accélérée des actifs au début de leur durée de vie, ce qui permet d'amortir plus vite la valeur du bien et donc de faire baisser l’imposition de l’entreprise. Pensez à bien l’utiliser judicieusement pour votre entreprise pour bénéficier au mieux de ses avantages.
FAQ
Quels sont les différents types d'amortissement ?
Les deux types d’amortissement comptable sont l’amortissement linéaire et dégressif.
Quand choisir l'amortissement dégressif plutôt que l'amortissement linéaire ?
L’amortissement dégressif peut être avantageux pour amortir plus vite la valeur du bien et donc faire baisser son imposition. Il conserve un taux fixe qui permet à l’entreprise de bénéficier d’annuités plus importantes au départ.
Quels sont les taux d'amortissement dégressif applicables ?
Les coefficients d’amortissement dégressif dépendent de la durée d’utilisation du bien. A savoir :
- 1,25 pour 3 à 4 ans ;
- 1,75 pour 5 à 6 ans ;
- 2,25 pour plus de 6 ans.
Dans certaines conditions, ces taux peuvent être majorés de 0,25.
Comment l'amortissement dégressif est-il comptabilisé ?
L'amortissement dégressif est comptabilisé dans les comptes de l'entreprise afin d’être déduit du résultat fiscal. C'est un amortissement accéléré qui est appliqué à la valeur résiduelle du bien.
Comment fonctionne l'amortissement dégressif sur une période de 5 ans ?
L’amortissement dégressif dispose d’une taux d’amortissement annuel fixe sur l’ensemble de la période. Seule la première année peut disposer d’un taux différent selon la date d’achat du bien.
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