Classification des parties prenantes
Pour réaliser une analyse des parties prenantes, il convient de classer ces dernières en deux catégories bien distinctes : les parties prenantes internes et externes. Le but est de prendre en compte les intérêts de chacune d’entre elles au sein de toute entreprise classée au registre national des entreprises (RNE).
Parties prenantes internes
Les parties prenantes internes regroupent les acteurs impliqués dans le fonctionnement de l’entreprise et qui ont un intérêt direct dans ses activités. Il existe plusieurs acteurs identifiés comme étant des parties prenantes directes :
- Dirigeants : les dirigeants sont parmi les parties prenantes d’une entreprise les plus importantes. Ils ont un rôle de gouvernance vis-à-vis de l’organisation. Ils font partie des instances de décision comme le conseil d’administration ou la direction générale et sont donc au sommet de la hiérarchie de l’entreprise. Leur but est double : pérenniser les valeurs de l’entreprise à long terme et en percevoir les bénéfices. Ils ont également un rôle important dans la construction d’une stratégie RSE.
- Salariés : les salariés sont des parties prenantes d’une entreprise contribuant quotidiennement au fonctionnement de l’organisation et à sa réussite. Ils ont de nombreux intérêts au sein de l’entreprise à commencer par leur rémunération, leurs conditions de travail, mais aussi leur formation. Ils doivent, comme les dirigeants, participer pleinement à la politique RSE de l’entreprise.
- Actionnaires : à la différence des deux premiers, les actionnaires ne travaillent pas directement dans l’entreprise. Néanmoins, ils disposent tout de même d’un rôle essentiel en apportant leur contribution au développement de l’entreprise. Ils sont les propriétaires de l’entreprise puisqu'ils en détiennent une partie du capital. Leur principal intérêt réside dans la maximisation de leur investissement en générant des profits.
- Syndicats : les organisations syndicales ont un rôle à jouer dans l’équilibre de l’entreprise. Elles participent à la protection des collaborateurs et à l’amélioration des conditions de travail en respectant les valeurs du dialogue en interne. Il est aussi essentiel de prendre en compte la participation des syndicats à la démarche RSE.
Parties prenantes externes
Contrairement aux parties prenantes internes, les parties prenantes externes ne sont pas impliquées directement dans le fonctionnement de l’entreprise. Néanmoins, elles doivent être prises en compte car elles ont une influence sur son développement.
Voici un aperçu des principales parties prenantes externes :
- Fournisseurs : les fournisseurs sont certainement les parties prenantes externes les plus impliquées dans l’entreprise, et avec qui cette dernière doit instaurer une relation de confiance. Ils apportent à l’entreprise les ressources nécessaires à son activité comme les matières premières, les équipements et l’énergie dont l’entreprise a besoin pour fonctionner. Ils ont un intérêt économique au sein de l’entreprise car leur réussite est étroitement liée à la réussite de la société cliente.
- Clients : il s’agit des destinataires finaux des différents produits ou services que propose l’entreprise. En tant que consommateurs, ils ont un pouvoir énorme sur l’entreprise et il est donc crucial de répondre à leurs attentes. Si les clients décident de ne pas acheter, c’est toute la stabilité économique de l’entreprise qui est remise en cause. C'est pourquoi la démarche RSE vise en partie à instaurer une transparence à leur égard.
- Pouvoirs publics : il s’agit des instances administratives qui interviennent dans la vie de l’entreprise. Ils définissent le cadre réglementaire, et les normes internationales ou nationales, selon l’échelle à laquelle évolue l’entreprise.
- Associations et ONG (organisations non gounernementales) : elles défendent de nombreuses causes comme la protection de l’environnement et du développement durable, le respect des droits de l’homme ou encore l’égalite homme/femme. Les associations et ONG ont donc une influence sur le cadre réglementaire et les décisions internes dans l’entreprise.
Typologie des parties prenantes selon leur influence et pouvoir
Les différentes parties prenantes peuvent être hiérarchisées selon leur influence sur l’organisation. Pour cela, il convient d’identifier les enjeux. Les parties prenantes peuvent être classées selon 3 nouvelles catégories :
- Parties prenantes primaires : il s’agit des parties prenantes qui ont un impact et une influence directe sur l’entreprise. Comme nous avons pu le voir, c’est le cas des collaborateurs, des dirigeants mais aussi des salariés ;
- Parties prenantes secondaires : ces parties prenantes ont un impact indirect, mais significatif sur l’entreprise. C’est le cas, par exemple, des fournisseurs ou des clients ;
- Parties prenantes marginales : elles correspondent aux parties prenantes dont l’impact est limité, mais qui peuvent avoir une influence marquée. On peut notamment citer l’Etat, ou le cadre réglementaire dans lequel se situe l’entreprise. En effet, si la réglementation en vigueur évolue, cela va impacter l’entreprise qui devra s’y conformer pour pouvoir poursuivre son activité.
Identification et analyse des parties prenantes
Les différentes parties prenantes doivent être intégrées au projet de responsabilité sociétale de l’entreprise. Pour cela, la méthodologie est importante et l’entreprise dispose d’outils pour faciliter la gestion des parties prenantes :
- La cartographie des parties prenantes, qui est la base pour identifier, classer et établir une hiérarchie des parties prenantes ;
- L’organisation de rencontres régulières comme des réunions ou des groupes de travail selon les thématiques afin de sensibiliser les parties prenantes ;
- La création d’une matrice de matérialité, qui va permettre d'analyser et d’identifier les enjeux de chaque partie prenante mais aussi les objectifs jugés prioritaires, les objectifs financiers et extra financiers ;
- Des outils comme des tableaux de bords ou l’utilisation de logiciel, afin de regrouper les données et optimiser la gestion;
- La publication régulière et rigoureuse de rapports dans un souci de communication transparente sur la politique RSE de l’entreprise.
Importance des parties prenantes dans la stratégie RSE
Comme nous avons pu le voir au début de cet article, l’intégration des parties prenantes est au cœur de la démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE) avec la norme ISO 26000. Cette norme internationale fournit un cadre réglementaire à la démarche RSE et permet de dessiner les lignes directrices autour de 7 grands thèmes :
- Les droits de l’homme ;
- Les conditions de travail ;
- L'environnement (ou les démarches environnementales) ;
- La contribution au développement local ;
- La protection du consommateur ;
- Le respect des bonnes pratiques et des affaires ;
- La gouvernance autour de l’organisation.
La prise en compte de ces thèmes, tout en y intégrant les parties prenantes, doit être au cœur de la démarche RSE en entreprise.
Il est important de ne pas ignorer les parties prenantes dans la RSE, car cela pourrait nuire à l’image de l’entreprise et à sa viabilité économique sur le long terme. Les conséquences possibles peuvent être diverses : boycott des consommateurs, amendes pour non-respect de la réglementation, perte d’un avantage concurrentiel, mal-être au travail de la part des salariés, chute de la réputation, etc.
En intégrant dès le départ les parties prenantes au cœur de sa démarche RSE, l’entreprise reçoit ainsi l’adhésion d’un grand nombre de personnes autour de son projet. L’entreprise se montre ouverte à un dialogue constructif, ce qui va permettre de renforcer sa crédibilité. Cela permet aussi de faire évoluer certaines pratiques internes à l’entreprise et d’innover.
Gestion des relations avec les parties prenantes
La bonne gestion des relations avec les différentes parties prenantes est cruciale. Tout d’abord l’utilisation de certains outils, comme des logiciels de gestion de projet ou des tableaux de bord, va permettre de mettre en place une gestion plus efficace à l’égard des parties prenantes.
Ensuite, il est nécessaire d’instaurer un dialogue constructif avec les parties prenantes. A ce titre, le comité 21, qui est le comité français pour l’environnement et le développement durable, a publié un guide de bonnes pratiques en sept étapes :
- L’entreprise doit accepter le changement et elle doit aussi s’en donner les moyens ;
- Elle doit prendre en compte les intérêts de toutes les parties prenantes, y compris ceux dont l’intérêt est contraire à ceux de l’entreprise ;
- Elle doit être pertinente sur l’identification des parties prenantes et les différents enjeux ;
- Elle doit faire en sorte d’impliquer toutes les parties prenantes et ne pas hésiter à mettre en place un facilitateur pour organiser des échanges ;
- Elle doit respecter les valeurs du dialogue ;
- Elle doit s’inscrire dans une vision à long terme du projet ;
- Elle doit assurer un suivi régulier sur le projet et rendre des comptes à ce sujet.
Enfin, il est important pour l’entreprise de constamment évaluer sa relation avec les parties prenantes. Pour cela, elle pourra utiliser certains outils afin de mesurer la satisfaction et l’engagement.
Normes et certifications liées aux parties prenantes
Il existe plusieurs normes et certifications qui vont permettre d’intégrer les parties prenantes dans la démarche RSE.
La norme ISO 26000, tout comme les autres normes RSE (LUCIE 26000), permet de définir la responsabilité de l’entreprise vis-à-vis des impacts qu’elle peut avoir sur la société ou sur l’environnement. Elle doit avoir un comportement éthique et transparent en contribuant au développement durable, au bien-être de la société ou encore à la santé des personnes. Elle doit aussi respecter la législation et les normes internationales en vigueur.
Il est donc crucial de mettre ces normes et certifications en place, car elles contribuent directement à renforcer la crédibilité de l’entreprise au regard des différents acteurs.
Avantages d'une bonne gestion des parties prenantes
La gestion des parties prenantes est un travail sur le long terme, qui va permettre à l’entreprise d’établir une relation de confiance avec les différents partenaires. C’est grâce à la construction de liens forts avec ses clients, ses salariés, ou encore ses fournisseurs, que l’entreprise va renforcer sa réputation écologique et sociale.
Le management des parties prenantes va permettre d’améliorer et/ou de maintenir la réputation de l’entreprise. L’entreprise dispose de nombreux avantages à instaurer un dialogue sincère et transparent avec ses parties prenantes. Cela peut même devenir un avantage concurrentiel. Par exemple, échanger sur les attentes de ses clients peut permettre à l’entreprise d’innover et de bénéficier d’un avantage concurrentiel.
À l'inverse, si la gestion managériale est mauvaise, il peut s’agir d'une source de conflits avec les différentes parties prenantes. Si ces conflits ne sont pas résolus, ils peuvent à terme nuire à l’image de l’entreprise et impacter négativement sa réputation.
Le projet de l’entreprise ne peut donc aboutir sans un management adapté. Le dialogue social ou encore le respect des salariés sont primordiaux dans la responsabilité sociétale de l’entreprise.
FAQ
Comment définir les parties prenantes ?
Les parties prenantes peuvent être définies comme les différents acteurs qui ont un impact direct ou indirect sur une organisation ou une entreprise et qui vont donc l’influencer positivement ou négativement. Elles ont une influence sur la réputation et le succès d’une entreprise.
Quelles sont les 8 parties prenantes de l'entreprise ?
Il existe 4 parties prenantes internes (les dirigeants, les salariés, les actionnaires et les syndicats) et 4 parties prenantes externes (les clients, les fournisseurs, les pouvoirs publics, ainsi que les associations et organisations non gouvernementales).
Chacune de ces parties a la capacité d’influencer le fonctionnement de l’organisation.
Qu'est-ce qu'une partie prenante selon Edward Freeman ?
Selon Edward Freeman, les parties prenantes regroupent toutes les personnes qui agissent de façon directe ou indirecte sur l’activité de l'entreprise ou d’une organisation. Toujours selon cette théorie d’Edward Freeman, il est nécessaire d’identifier ces parties prenantes et de les prendre en compte pour le développement de l’entreprise.
Quelle est l'importance des parties prenantes ?
Les parties prenantes sont très importantes, car elles influencent directement ou indirectement l’activité de l’entreprise. Elles jouent donc un rôle crucial sur le bon développement et le succès d’une entreprise. C’est pourquoi il est important de les prendre en compte et d'interagir régulièrement avec elles afin de comprendre leurs attentes.