Par Elisabeth Robinson

Cession de créance

La cession de créance est une opération juridique essentielle dans le paysage financier français, souvent méconnue du grand public. Ce guide détaillé vise à clarifier ce concept en expliquant ses fondements, ses applications et son importance dans le contexte économique actuel.

Définition de la cession de créance

La cession de créance est un processus juridique par lequel une personne (appelée le cédant) transfère à une autre personne (le cessionnaire) le droit de percevoir une somme d'argent due par un débiteur. En d'autres termes, cela signifie que le créancier initial décide de céder son droit à un autre pour récupérer ses fonds rapidement.

La base légale de la cession de créance se trouve dans les articles 1699 et suivants du Code civil. Ces articles précisent les obligations et les droits du cédant et du cessionnaire, ainsi que les formalités nécessaires pour que la cession soit valide. Par exemple, il est souvent requis que la cession soit notifiée au débiteur pour qu'elle soit opposable à ce dernier. Le débiteur cédé à un tiers peut opposer des exceptions inhérentes à la dette, malgré les garanties que le créancier cède. Dans certains cas, le cédant garantit la solvabilité du débiteur, mais le débiteur peut opposer au cessionnaire les garanties déjà consenties. Pour le transfert de créance à titre onéreux, il est pris acte que le débiteur peut bénéficier d'une garantie.

Que comprend la cession de créance ?

Pour formaliser la transaction de cession de créance, certains documents sont indispensables. Un "contrat de cession" doit être rédigé et signé entre le cédant et le cessionnaire pour détailler ses conditions telles que le montant cédé à un tiers, les modalités de paiement, etc. Ce contrat doit être notifié au débiteur pour qu’il puisse s’opposer au cessionnaire. Cette notification informe le débiteur du changement de créancier et des nouvelles modalités de paiement.

Conformément aux règles établies, la notification au débiteur doit être effectuée de manière formelle et parfois même par acte d'huissier pour garantir sa validité juridique. Une fois notifié, le débiteur est tenu de payer la somme due au cessionnaire, qui devient alors le nouveau créancier légitime. Il faut retirer de la cession toute garantie déjà consenti au débiteur.

Dans quel contexte la cession de créance peut-elle être utile pour une entreprise ?

La cession de créance peut être bénéfique pour une entreprise dans divers contextes économiques et financiers. Tout d'abord, elle permet d'améliorer la liquidité de l'entreprise en transformant des créances en liquidités immédiates. Cela est particulièrement utile lorsque l'entreprise a besoin de fonds rapidement pour investir, payer ses fournisseurs ou faire face à des besoins opérationnels urgents. En cédant leurs créances, les entreprises peuvent éviter les retards de paiement et réduire les risques et périls associés.

Sur le plan stratégique, la cession optimise la gestion des créances en permettant une rotation plus rapide des capitaux. Plutôt que d'attendre le paiement complet de leurs débiteurs, une entreprise cède une créance à des sociétés spécialisées qui se chargent de la recouvrer. Cela libère des ressources et du temps que l'entreprise peut alors consacrer à d'autres aspects de son développement. L'affacturage est une méthode utilisée pour faciliter cette cession pour assurer que la cession lui soit devenue efficacement et que le débiteur cédé ne puisse pas opposer des garanties déjà consenties.

Qui peut accéder à la cession de créance ?

Les principaux participants de la cession de créance sont les entreprises et les entrepreneurs qui cherchent à améliorer leur liquidité en convertissant leurs créances en fonds liquides. Les institutions financières jouent également un rôle clé dans ces opérations. Les banques peuvent offrir des solutions de financement basées sur les créances, tout comme les sociétés de factoring spécialisées.

Pour que les participants puissent conclure une opération de cession de créance, plusieurs critères doivent généralement être remplis : 

  • Les créances concernées doivent être clairement définies et valides, c'est-à-dire qu'elles doivent représenter des sommes d'argent dues par des débiteurs solvables. 
  • Le cédant doit pouvoir prouver sa légitimité en tant que créancier et démontrer que les créances sont libres de toute contestation sérieuse. 
  • Les modalités de la cession, y compris les conditions financières et les aspects juridiques, doivent être détaillées dans un contrat de cession. 

L'utilisation d'IBAN et d’un virement international peut faciliter le processus de paiement une fois que la cession a été conclue.

Comment se déroule la cession de créance ?

Dans ce paragraphe, la cession de créance suit un processus structuré en plusieurs étapes clés pour assurer sa validité et sa conformité juridique. 

  1. Conclusion d'un contrat de cession entre le cédant (le créancier initial) et le cessionnaire (le nouveau créancier). Ce contrat spécifie les termes et conditions de la cession, y compris les modalités concernant la garantie de la solvabilité du débiteur.
  2. La notification du débiteur concerné peut se faire par différents moyens, souvent par lettre recommandée avec accusé de réception ou par acte d'huissier. La notification informe le débiteur du changement de créancier et des nouvelles modalités de paiement.
  3. Transfert formel des droits sur la créance au cessionnaire. Ce transfert implique la cession effective des droits de percevoir la somme due et des obligations liées à la créance.

En général, une fois que toutes les formalités sont accomplies et que le débiteur est informé, le cessionnaire peut commencer à exercer ses droits de recouvrement sur la créance cédée.

Quelle est la différence entre cession de créance et subrogation ?

La différence entre cession de créance et subrogation réside dans la nature même du transfert de droits et d'obligations entre les parties impliquées.

La cession de créance se définit comme le transfert volontaire par le créancier initial (cédant) de son droit de percevoir une somme d'argent d'un débiteur à un nouveau créancier (cessionnaire). Ce processus est principalement utilisé pour obtenir rapidement des liquidités ou pour déléguer la gestion d'une créance à un spécialiste du recouvrement, sans changer la nature de la créance elle-même. Le contrat de cession spécifie souvent les modalités garantissant la solvabilité du débiteur cédé dont il a connu le caractère incertain de cette garantie.

En revanche, la subrogation est un mécanisme par lequel une personne (le subrogé) se voit attribuer les droits et obligations d'une autre personne (le subrogeant) à l'égard d'un tiers. Contrairement à la cession de créance qui porte sur une créance existante, la subrogation intervient dans des situations où le subrogeant a déjà payé une dette pour le compte du débiteur initial, devenant ainsi le créancier à la place du débiteur initial. Cette substitution indique un titre onéreux garantit.

Par exemple, dans le cadre d'un prêt hypothécaire, un tiers peut payer la dette d'un débiteur (par exemple, un parent payant la dette d'un enfant) et devient alors subrogé dans les droits du créancier initial (la banque). Ainsi, le subrogé peut récupérer le montant payé directement auprès du débiteur.

Conclusion

La cession de créance est un outil stratégique et juridiquement encadré pour les entreprises et les individus cherchant à optimiser leur gestion financière et à sécuriser leurs créances. En respectant les procédures légales et en comprenant les implications financières, cette pratique permet non seulement d'améliorer la liquidité mais aussi de réduire les risques inhérents aux délais de paiement et à l'incertitude économique.